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Supermarché Carvalho: le Brésil à Lemmonier

Le supermarché brésilien Carvalho, situé au-dessus de la station de métro Lemonnier, dans le centre de Bruxelles, est un lieu incontournable pour les amoureux de la gastronomie brésilienne. Une cuisine plurielle, riche de multiples influences et reflet de l’histoire économique et sociale d’un pays-continent. 



Au contraire d’autres cuisines latinoaméricaines telles que la mexicaine ou la péruvienne, la gastronomie brésilienne reste relativement peu connue en Belgique, au-delà des populaires caipirinhas et de la traditionnelle feijoada. Pourtant, cette cuisine - ou plutôt ces cuisines - requiert des ingrédients précis, difficiles d’accès dans le grand commerce. Pour la grande communauté brésilienne de Bruxelles, composée de plus de 40.000 ressortissants, Carvalho est le point de chute incontournable pour faire ses courses. 

 

En rentrant à Carvalho, on est d'abord surpris par ses dimensions, qui n’a rien à envier aux supermarchés traditionnels. L’endroit permet d’abriter une grande variété de produits alimentaires, reflets de la diversité de la cuisine brésilienne mais pas seulement. On est d’abord accueilli par un mur entier consacré aux tongs Havaianas, autre symbole de la culture brésilienne. Dans le non-alimentaire, le magasin propose aussi une large gamme de produits cosmétiques et de nettoyage. 


Avec la radio brésilienne en fond sonore, je m’aventure dans les rayons alimentaires. La première allée est constituée d’une longue rangée de frigos et de congélateurs. On y retrouve certains fromages comme le queijo minas ou le queijo coalho (qui se grille comme du halloumi) et une palette énorme de viande, élément central du célèbre churrasco (barbecue) brésilien. Au-delà d'une viande de bœuf de grande qualité, la particularité du régime brésilien réside dans les types de coupes de l’animal, absentes des boucheries européennes: picanha, maca do peito, bananinha,... Les viandes de bœuf proviennent aussi bien d’Europe que d’Argentine. D’autres types de viande sont disponibles comme les cœurs de poulet (à griller en brochettes au barbecue) mais aussi des pieds de bœuf et de porc, utilisés pour le mocoto ou la célèbre feijoada. 


Dans la partie des surgelés, on retrouve tous les traditionnels salgados brésiliens, ces petits encas salés souvent vendus en rue ou dans les boulangeries. Sur les étagères, s'enchaînent les pães de queijo (pains au fromage), les coxinhas (croquettes de poulet) et les rolos de bacalhau (roulés de morue). Dans le sucré, c’est toute la palette des fruits brésiliens qui est à l’honneur, congelés entiers ou sous forme de pulpes, de glaces, en jus ou en pâte de fruits. Si les baies d’açai sont devenues populaires ces dernières années, mon regard s’attarde sur d’autres fruits qui me sont inconnus, tels que l'acérola (une sorte de cerise), le cupuaçu (fruit d’Amazonie aigre-doux) ou encore le pequi, une noix populaire dans l’Etat de Goiás et servie traditionnellement avec du riz.


Rayon des piments chez Carvalho


Des cuisines sous influences


L’histoire du Brésil est intimement liée à sa production alimentaire. Encore aujourd’hui, 40% des exportations du pays proviennent du secteur agroalimentaire. La colonie portugaise développe dès le XVIème siècle l’économie de la canne à sucre dans le Nord-Est du pays. Lors de son indépendance, c’est le café qui deviendra le produit phare de la jeune république. Au début du XXème siècle, le Brésil produira jusqu’à trois-quarts de l’offre mondiale de cette boisson. Ces deux produits qui ont soutenu l’économie brésilienne pendant des siècles trouvent bien évidemment une place de choix dans les rayons de Carvalho. 



La gastronomie brésilienne est à l’image du pays, diverse et carrefour de multiples influences. Elle a été façonnée par les cuisines des populations indigènes, avec le manioc comme base essentielle. Elle a ensuite été enrichie par les influences européennes et africaines sous la colonie portugaise, notamment l’utilisation de la morue, du couscous, du lait de coco ou encore du jilo (aussi appelé aubergine africaine). Une fois indépendant, le pays accueille de nombreuses vagues d’immigration qui se retranscrivent dans sa cuisine. Entre 1890 et 1930, plus de 3 millions de personnes vont s’installer au Brésil, principalement dans la région de Sao Paulo. Chez Carvalho, on retrouve certains produits de ces communautés italiennes, turcs, japonaises, syriennes, allemandes, espagnoles qui ont été intégrés à la diète brésilienne comme la polenta, les esfihas ou encore les kebbehs.  


D’un autre côté, en tant que véritable pays-continent, le Brésil partage sa frontière avec dix autres pays d’Amérique latine. De ce fait, de nombreux produits vendus chez Carvalho appartiennent à un répertoire gustatif régional et feront le bonheur d’autres consommateurs de pays voisins: maté, confiture de lait, canjica (maïs nixtamalisé), frijoles, piments, tapioca, tamales, gélatines de toutes les couleurs, … 


A l’approche des caisses, on retrouve les traditionnelles tentations de dernière minute: une palette complète de biscuits et bonbons mais aussi un petit présentoir de salgados chauds, prêt à être consommé directement. Je craque pour les pates de goyave emballées comme des tamales dans une feuille de maïs. Ces sucreries se mangent traditionnellement avec du fromage (queijo minas), dans une combinaison tendrement appelée Romeu e Julieta


Je ressors sous la pluie bruxelloise le sac rempli de saveurs nouvelles à découvrir. L’addition est douce, si l’on considère que la majorité des produits sont introuvables ailleurs. Pour les novices de la cuisine brésilienne, il faut clairement venir chez Carvalho avec l’esprit ouvert et l’envie de tester des nouveaux produits. Par sa taille, Carvalho a l’avantage de réunir sous le même toit une quantité impressionnante de produits mais toute la communication se fait en portugais et peu de places est laissée au conseil client, comme dans un supermarché classique. Il n’empêche, qu’en l’espace de quelques années, Carvalho est devenu un lieu incontournable qui permet de mettre à l’honneur les cuisines du Brésil, un géant gastronomique sous-estimé.


Adresse : Bd du Midi 58, 1000 Bruxelles

Heures d'ouverture : tous les jours, de 9h30 à 19h.





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