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“Radical”, le Mr. Keating mexicain

Dans un contexte international morose et un hiver qui n’en termine pas, les cinémas Vendôme et Galeries proposent au public bruxellois un film mexicain lumineux sur le pouvoir transformateur de l’éducation. Un film de Christopher Zalla inspiré par l’histoire du professeur Sergio Juárez qui faisait la Une des médias mexicains il y a une dizaine d’années.



En 2011, à Matamoros, ville frontalière au Nord du Mexique, le professeur Sergio Juárez fait sa rentrée des classes. L’école primaire José Urbina Lopez est considérée difficile, les résultats des élèves y sont jugés médiocres, quand ceux-ci daignent assister aux cours. Mais grâce à de nouvelles techniques d’enseignement, ce professeur aura un impact profond sur la vie de ces élèves. Il leur redonnera l’envie de retrouver le chemin de l’école et permettra à l’une d’entre elles, Paloma, d’être considéré “The New Steve Jobs” à la Une du magazine Wired. L’histoire avait ému tout un pays. Paloma Noyola était une petite fille qui vivait dans une décharge publique et rêvait de devenir ingénieure aérospatiale, en observant les étoiles au milieu des montagnes de déchets. Cette année-là, Paloma obtient la meilleure note nationale en mathématiques. 


Le scénario ne brille pas pour son originalité, on vous l’accorde. La figure du professeur inspirant est vue et revue dans l’histoire du cinéma. L’issue du film est-elle connue depuis le début? Tout à fait. Mais pourtant ça marche. On se laisse emporter pendant deux heures dans cette fable pleine de bons sentiments sur le pouvoir de l’éducation. 


Le professeur, interprété avec brio par le génial Eugenio Derbez, nous fait passer du rire aux larmes en l’espace de quelques secondes. “C’était censé être un petit film, un film destiné aux festivals et d’un coup il a pris une autre dimension”, confesse l’acteur principal, qu’on avait déjà pu apprécier dans CODA. C’est l’histoire d’un petit film, donc. Qui gagne le Favorite Award à Sundance et prend son envol. 


Le film a trouvé son public, aussi bien au Mexique qu’aux Etats-Unis, et ce n’est pas surprenant tant l’histoire du professeur Juarez est lumineuse et inspirante. Il donne les outils nécessaires aux enfants pour apprendre et avoir envie d’apprendre par eux-mêmes. Leur donner la confiance suffisante pour croire en leurs rêves, pour découvrir leur potentiel. Des gamins qui crèvent l’écran et qui ne sont pas considérés en grappes, on suit plusieurs d’entre eux dans leurs vies, leurs trajectoires personnelles complexes en dehors de l’école. Des chemins traversés par la pauvreté, la corruption, la violence, la drogue et où la salle de classe devient un refuge.


L’histoire nous touche également par son universalité. “Et toi, il s’appelait comment?” demande le directeur de l’école à Juarez, l’interrogeant sur le professeur qui lui avait changé sa vie, à lui. Un sentiment auquel on peut tous adhérer, celui de la force de l’éducation comme axe de transformation de la société.


Cependant, le film a le mérite de ne jamais tomber dans un discours méritocratique simpliste. L’idéalisme du professeur Juarez est contrebalancé par la violence qui entoure l’école et le pragmatisme des autres adultes. Tout ne se résout pas en faisant du mieux qu’on peut, en s'efforçant. Alors que l’histoire se base sur des faits réels vieux d’une dizaine d’années, peu a changé dans la ville de Matamoros, qui faisait encore les gros titres récemment pour des disparitions liées aux cartels. Et la petite école primaire Urbinez n’a toujours pas de local informatique.


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