Depuis quelques années, entre Halloween et la Toussaint, un petit nouveau a fait son entrée dans les célébrations d’automne: “Dia de Muertos”. Cette fête mexicaine s’est globalisée à la sortie du dessin animé Coco et depuis lors, de nombreuses “fêtes des morts” ont fait leur apparition à Bruxelles. Au point d’en perdre son identité? Les organisateurs du festival Mikiztli s’y refusent et proposent pendant dix jours un “Dia de Muertos” organisé intégralement par la communauté mexicaine.
Du 1er au 10 novembre prochain, à la Maison de Quartier Malibran d’Ixelles, le festival Mikiztli articule une série d'événements autour du Jour des morts. Mikiztli, c’est la mort en náhuatl. C’est aussi le symbole dessiné sur ce qui est considéré comme le calendrier aztèque et qui, par conséquent, indiquait les fêtes de Mikiztli, c'est-à-dire les célébrations autour de la mort et des morts. Une mort colorée, fleurie, chaleureuse et qui se fête. Non pas une rupture mais une transition naturelle profondément liée au cycle même de la vie.
Cette tradition remonte à l’époque précolombienne et est inscrite dans l’ADN des Mexicains depuis des siècles. En l’espace de quelques années, cette façon d’aborder et de célébrer la mort s’est popularisée partout sur la planète. Depuis la sortie du film Coco, à l’instar du phénomène marketing Frida Kahlo, “Dia de Muertos” est devenu cool. Au point d’en faire un objet de pop culture vidé de son sens? C’est exactement ce que veulent éviter les organisateurs de Mikiztli qui entendent redonner la parole à la communauté mexicaine sur sa propre fête.
“Recréer notre tradition avec nos voix”
Pour l’organisatrice du festival, Gea Zazil, cette réappropriation passe par trois facteurs. D’abord, une implication totale de la communauté mexicaine de Bruxelles dans le festival. Il s’agit d’un festival 100% mexicain. Il est possible grâce à la collaboration de 35 intervenants, une vingtaine de volontaires et six sponsors, tous originaires du Mexique. Ensuite, le nerf de la guerre, une indépendance financière. Grâce au soutien du budget participatif de la Commune d’Ixelles, l’artiste mexicaine a pu s’occuper de la programmation, sans devoir faire de compromis.
Finalement, aux manettes, une équipe organisatrice entièrement mexicaine. Notamment l’artiste Imix Stevens pour la logistique et l’illustratrice Ana Ofelia Barragán, responsable, entre autres, de l’identité visuelle du festival. D’autres membres de la communauté mexicaine bruxelloise viennent compléter cette joyeuse équipe, notamment les artistes Gabriela Leguizamo et Jair Jetzehu mais aussi la restauratrice de SoCal tacos, Margarita Saldana, dont vous avez pu déjà apprécier les tacos au food market Wolf.
Un festival à la vie, à la mort
La programmation du festival est articulée pour qu’on puisse y venir en famille, arriver en début d’après-midi et prolonger jusqu’en soirée. Tout au long de la semaine vont s’alterner les expositions, concerts, spectacles de danse, de théâtre, les DJ sets.
Une fête pour les grands et les petits, qui pourront profiter du stand maquillage pour prendre les traits des célèbres catrinas (squelettes feminins habitués des défilés des fêtes des morts) ou encore participer à un atelier pour apprendre à composer des cempasuchil (fleurs jaunes qui guident, par sa couleur et son odeur, les âmes vers les autels aux morts) ou du papel picado, éléments esthétiques et symboliques indispensables au “Dia de Muertos”. De nombreuses conférences imparties par des chercheurs mexicains viendront jalonner les dix jours de festival afin d’expliquer aux participants les origines, la philosophie et les symboles qui entourent le “Dia de Muertos”. Mais aussi son évolution actuelle et son avenir: lors d’un événement, des Mexicains du monde entier seront appelés à expliquer comment se fêtent les morts dans leur pays d’accueil.
Pendant 10 jours, c’est une grande célébration qui aura lieu à Malibran. Un festival à la vie, à la mort, comme le mentionne l’affiche. Une célébration militante aussi, consciente des risques grandissants d’appropriation culturelle. Pour les organisateurs, “il est encore temps de rattraper le temps perdu et de reprendre les rênes de nos traditions”. Des traditions, qu’ils aiment à rappeler, mexicaines, mais destinées à toute la communauté multiculturelle de Bruxelles.
Toutes les infos sur le programme: instagram.com/mikiztli.be
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